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Les jeux de langage et la révolte de la pensée
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16 mars 2016

L'enfant et l'invention de belles histoires

Nous allons tout d'abord voir pourquoi l'enfant invente-t-il des mots.

« Ammamio », « patou », « yayapou ». Même si elles ne nous parlent pas spontanément, ces expressions ont bien toujours un sens précis pour ceux qui les emploient. Parfois, l'enfant cherche seulement à simplifier un mot compliqué, comme quand il dit « patou » au lieu de (pantoufle) par exemple.

Si l'enfant ne trouve pas les mots adéquats pour nommer ce qu'il vit, il en invente. Il est possible que certains mots aujourd'hui rentrés dans le langage courant soient apparus de cette manière. Ce type de créations lexicales est tout à fait commun dans les premières années de vie, puis disparaît par la suite. Si néanmoins plus âgé, l'enfant continue à communiquer avec des mots qui n'existent pas (des néologismes), cela peut aussi être le signe d'un trouble du langage. Parfois, son cerveau a du mal à identifier les syllabes des mots que l'on prononce devant lui et donc il les reproduit mal. Mais la plupart du temps cela marque le plaisir que l'enfant prend à jouer avec le langage.

Enfant

Maintenant, nous allons voir que raconter ne s'improvise pas et que ce n'est pas toujours évident, mais s'apprend au cours de l'enfance.

L'enfant peut présenter des difficultés à élaborer un récit. C'est problématique. Si cela n'est ni pris en charge par une pédagogie spécifique à l'école ni compensé par des pratiques familiales régulières (lire et raconter des histoires...), cela constitue un profond handicap pour le développement de la personne, l'accès à la pensée et même, tout simplement, la communication quotidienne professionnelle (qui est, le plus souvent, structurée comme un récit).

Car le récit est une structure langagière : il transforme les faits (chaotiques et, par définition, infinis) en événements qui s'enchaînent les uns les autres; il permet ainsi, d'isoler ce que l'on choisit de privilégier et de le mettre en relation en choisissant un point de vue particulier. C'est pourquoi, du côté de l'énonciateur, le récit est un élément essentiel de la construction de l'identité, dans ses deux volets indissociables, l'unité et l'inventivité.

Il y a, dans tout récit, quelque chose d'attendu et une part d'inattendu qui laisse toujours une part d'ouverture qui permet de faire l'expérience narrative de la liberté.

Le récit permet de s'ouvrir au questionnement. Il mobilise l'imaginaire. L'enfant doit utiliser les jeux de langage pour ouvrir le récit à l'imaginaire.

Il faut que les savoirs, les connaissances, les théories intellectuelles et les modèles scientifiques soient racontés comme des histoires: des histoires d'humains qui ont mobilisé toute leur intelligence pour franchir des obstacles, abattre des préjugés et œuvrer pour notre émancipation. Le récit fait vivre l'intelligence. Il permet à chacun de s'assumer et de s'inventer.

K.C.

futura-sciences.fr [En ligne] Disponible sur « http://www.futura-sciences.fr » (Page consultée le 15/03/2016).

MEIRIEU, Philippe-Entrer dans le récit. - Sciences Humaines, 10/2015, n°274, p.40-41.

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